Un matin… Ma mère s’aperçoit que je ne contrôle plus mes pieds, je dois avoir un an. Après plusieurs mois de rééducation, le médecin, un coopérant français, propose alors que je poursuive celle-ci en France, à Berck.
Pourquoi ai-je développé la poliomyélite ? Je ne sais pas. Ai-je été vaccinée ? J’ai longtemps pensé le contraire, je ne saurai jamais avec précision.
Quoi qu’il en soit, lors de mon premier départ pour la France, début 70, sur le tarmac de l’aéroport d’O…., ma mère, paniquée, affolée, est évacuée vers la sortie par son père et sa belle-mère. Seul mon père assiste, à l’étage de l’aérogare, au départ de l’avion qui me conduit vers Paris.
Bien sûr tout est flou, c’est si lointain, j’étais si petite et les témoignages contrarient si souvent nos propres souvenirs. Je me revois sur les genoux d’un adulte, était-ce mon père ? Il faut croire que non, je l’aurais pourtant parié.
Je me souviens également d’une hôtesse de l’air qui, pour sécher mes larmes, m’offre un petit panier de bonbons enveloppés de feuilles d’argent. Était-ce sur ce même vol ou lors de mon second départ, un an plus tard ? Peu importe. De ma vie, jamais je ne marcherai sans béquilles, la course n’en parlons pas ; dans mes deux premiers souvenirs, je vole…